lundi 14 avril 2014

Même pas peur

 (En réponse à "un lecteur anonyme, menace madame Dugenou")

Grand Dieu, quel effroi! Votre paire de lunettes menace de tomber sur votre dernier masque, cher corbeau en colère.

Du vert, du rose, du jaune... mais dites-moi, ne seriez-vous pas coquet par hasard?

Allons allons, si vous savez tout, réjouissons-nous: vous mourrez moins bête!

Au plaisir!

Signé: Mme Dugenou

dimanche 13 avril 2014

Un lecteur anonyme et en colère, menace madame Dugenou



Les cinq premiers chapitres du feuilleton des élèves d e CM2 de l'école Moulin Pergaud sont ici
Madame Dugenou VS Le lecteur en colère, à lire ici

jeudi 10 avril 2014

Chapitre 5: Froid comme la mort

Il avait neigé toute la nuit, et les branches nues des arbres du jardin semblaient avoir été saupoudrées de sucre glace. Elles se découpaient joliment dans le ciel bleu délavé du petit matin et cette vision de carte postale mit Ginette de bonne humeur. Son diabète ayant miraculeusement disparu, elle avait repris ses habitudes alimentaires d'autrefois. Elle se servit un petit déjeuner léger, composé de pudding, dattes, abricots secs, biscottes beurrées de margarine et agrémentées de sirop d'érable, et but deux cafés brûlants bien sucrés car elle projetait d'aller se promener et d'affronter le froid.

Elle sortit ses skis de fond, enfila sa doudoune et se coiffa d'une chapka en poils de ragondin. Une fois dehors, elle hésita à se rendre chez Germain pour lui proposer de l'accompagner. Elle trouvait que son ami avait pris un coup de vieux depuis quelques temps; ses gestes devenaient lents, il se voûtait de plus en plus, il fatiguait; alors qu'elle, se sentait dans une forme olympique. Mais comme il comptait beaucoup pour elle, ses skis la dirigèrent naturellement vers lui.

En arrivant chez l'octogénaire dur de la feuille, Ginette dut tambouriner durant un bon quart d'heure en hurlant le prénom de son cher voisin.
- Voilà voilà, j'arrive, il finit par dire en ouvrant la porte de son logis. Puis il ajouta, en découvrant Ginette radieuse et emmitouflée dans sa doudoune jaune poussin:
- Oh Ginette, quelle bonne surprise ! Quel bon vent vous amène ? Quelle mine resplendissante et quelle jolie chapka !
- N'est-ce pas qu'elle est magnifique, approuva Ginette en passant ses doigts dans la fourrure soyeuse du chapeau. Figurez-vous que c'est un prince russe qui me l'a offerte lors de mon dernier voyage à Saint-Pétersbourg.
A ces mots, l'homme éprouva un petit picotement de jalousie et s'en voulut terriblement de n'avoir jamais offert de cadeau à cette voisine qu'il trouvait plus belle de jour en jour.
- C'est pas tout ça, reprit Ginette. La neige est fraiche et le froid vivifiant, m'accompagnerez vous en promenade dans les bois ? Puis, elle ajouta en chuchotant :
- Pendant que le loup n'y est pas...

Ils quittèrent le lotissement et s'engagèrent sur un chemin qui menait à un petit bois.
La Mort y attendait Ginette. Cachée derrière un arbre, un rictus maléfique déformait sa bouche et dans son regard vide passait une inquiétante lueur rouge. Elle glaçait l'atmosphère dans un rayon de cent mètres autour d'elle. Le petit cœur des oiseaux et des rongeurs qui se trouvaient dans ce périmètre démoniaque, cessait de battre. Les insectes eux-mêmes se figeaient, se recroquevillaient, et mouraient. La Grande Faucheuse avait décidé d'éliminer celle qui était devenue son pire cauchemar d'une perfide façon : d'abord l'engourdir, la paralyser par un froid terrible, pour enfin profiter de son état de faiblesse et l'achever. Elle n'osait plus affronter directement Ginette. La «vieille dame» lui avait fait perdre confiance, elle doutait maintenant de ses capacités et hésitait à l'attaquer. Elle craignait tellement d'échouer.

Le feu aux joues, effet du double café et de ses efforts en ski de fond, Ginette ne sentait pas que l'air s'était soudainement glacé. Quant à Germain, il ne pouvait pas davantage sentir le grand froid : ses efforts physiques et ses sentiments pour Ginette le réchauffaient. Une douce chaleur bienveillante enveloppait les deux compagnons. Ils traversèrent le petit bois entourés d'un halo protecteur que le froid ne pouvait traverser. Leur complicité et leur affection mutuelle les rendaient invincibles.
Le sombre dessein de La Grande Faucheuse ne put se réaliser... Elle émit un hululement lugubre, lancinant et tourmenté. 
  
De retour de promenade, Ginette invita Germain à boire un thé aux herbes de cimetière, réputé donner de la vitalité aux vivants.
 

Des nouvelles du genou de madame Dugenou

 ( en réponse à "Madame Dugenou, sachez que..." a voir et à entendre ici )

Cher lecteur en colère,

Vous qui vous régalez de nos chapitres, êtes-vous repu? Je ne vous entends plus...

Vous vous décrivez comme «un être doux, aimable et affable» dans votre dernier message. Soit! Mais depuis quand n'avez-vous pas pris des nouvelles de mon genou? Votre amabilité aurait-elle des limites? Qu'à cela ne tienne, je vous en donne!

Figurez- vous que je me rends quotidiennement dans un centre de rééducation des membres inférieurs. J'ai beau leur expliquer que mon genou à moi est devenu un membre Supérieur, une véritable muse, qui m'a propulsée co-vedette d'un blog à la pointe de l'innovation pédagogique, l'équipe de kinésithérapeutes continue de nous regarder comme un banal couple à rééduquer. Et vas-y que j'te triture, que je t'attache le pied à une poulie, «flexion!extension!», que je t'envoie pédaler (et ça n'avance même pas!), pousser des poids en fonte, marcher sur un tapis de marche interminable et sans paysage... Tant et si bien que si mon genou guérit, mes jambes, elles, ne me portent plus à la fin de la journée...

Heureusement, me restent ma tête, ma remplaçante et mes plans à cloche-pieds, qui permettent à mes élèves et à Ginette de poursuivre leur incroyable aventure. Et m'est avis que je verrai bientôt Frédéric Kessler sans mes béquilles...

En attendant, je vous offre à lire un chapitre 5 réfrigérant, régalez vous!

Au plaisir!

Signé Madame Dugenou

lundi 7 avril 2014

Chapitre 4: Un déguisement trompeur

 ( les autres chapitres sont )

Ginette adorait la fête d'Halloween. Chaque année elle s'achetait un nouveau déguisement, décorait sa maison et préparait une fête pour quelques amis et voisins du quartier. Cette année là, elle choisit un magnifique costume de citrouille au sourire cruel. Elle espérait qu'il plairait à ses amis!
- Bon, se dit-elle, je vais commencer par faire des petits fours en forme de chauves-souris pour l'apéritif, confectionner des araignées en fils de réglisse, préparer du jus de citrouille, puis m'attaquer à la décoration.
Elle s'activa toute la journée pour transformer sa demeure en maison hantée. Elle était si occupée qu'elle en oublia de goûter! Quand son estomac gargouilla, elle fit une pause et avala quatre araignées et trois chauves-souris. Le soir venu, Ginette attendit ses voisins avec impatience. Soudain, on sonna...
- Un bonbon ou un sort! crièrent en choeur les premiers invités.
Elle fit entrer Basile, son ancien copain de lycée déguisé en loup-garou,Véronique et Jean-Pierre accoutrés en chat noir et en Frankenstein, Liliane en horrible sorcière avec une énorme verrue sur le nez. Puis entra Germain tout intimidé dans son costume de vampire. Il portait un élégant smoking noir, une belle chemise blanche, et une cape rouge. Il avait aussi un dentier aux canines longues et pointues et du sang qui semblait couler au coin de ses lèvres.
- Quelle élégance, monsieur Dracula! dit Ginette charmée.
- Je vous croquerais bien, madame Citrouille, dit-il d'un air coquin.

Il ne manquait plus que sa voisine Georgette, qui ne savait pas être à l'heure. Ginette mit une musique entrainante, et tout le monde commença à danser et à faire honneur au buffet d'Halloween. Germain regardait de travers le loup-garou qui dansait avec sa citrouille préférée, et il allait commencer à bouder, quand la sonnette retentit. La maîtresse de maison alla ouvrir.
- Georgette! Magnifique déguisement! Quel réalisme! Tu fais froid dans le dos!
- Je suis La Mort! C'est votre heure, Ginette!
- Allez, je t' ai reconnue Georgette, petite farceuse, entre!
La fausse Georgette leva sa faux pour trancher Ginette en deux. Tout le monde se mit à rire devant tant de comédie, et Germain lui donna une tape amicale dans le dos. Déstabilisée, La Grande Faucheuse qui n'était qu'un sac d'os, partit en avant et se prit les pieds dans le tapis. Elle s'étala de tout son long dans le salon, provoquant un fou rire général. Ginette, croyant que son amie s'était fait mal, se sentit très gênée et demanda à Frankenstein de la porter sur le canapé.
- Repose-toi un moment, Georgette, je t'amène quelques petits fours et un bon jus de citrouille pour te retaper.
Mais quand elle revint, elle ne trouva personne... La Mort, déprimée par ses propres échecs, était repartie discrètement en pleurant de rage. Quand Georgette sonna vraiment, personne ne comprit qui s'était étalé dans le salon. Seule Ginette avait sa petite idée. Germain l'invita à danser un slow. En posant ses mains sur les épaules de son ami, elle vit que ses tâches de vieillesse avaient disparu. Elle se dit que sa nouvelle crème achetée une fortune en pharmacie marchait du tonnerre!

jeudi 3 avril 2014

A propos du chapitre trois

Mesdames et messieurs mes chers auteurs de l’école Moulin Pergaud,
Comme toujours je lis et relis votre prose avec beaucoup de plaisir.
Cette fois c’est presque parfait, si ce n’est quelques bricoles que vous déciderez peut-être de modifier:

- Ginette et La Mort sont très différentes. Ginette est une bonne vivante, gourmande, et malicieuse. La Mort est puante, pourrie, colérique et revancharde. Cependant, dans le chapitre trois Ginette se met en colère et elle emploie une expression qui ressemble à s’y méprendre à une chose que dit régulièrement la mort : «Je t’aurai». Si j’étais vous je ferais attention à bien respecter le caractère particulier de chacun de vos deux personnages principaux, afin que toujours ils se distinguent. Ainsi la mort pique des colères alors que Ginette trouve toujours le moyen de résoudre ses problèmes. Et si elle avait une devise, ce pourrait être : «il n’y a pas de problème, il n’y a que des solutions».

- D’autre part l’expression «je l’aurai, je l’aurai» qui revient et reviendra comme un Leitmotiv au cours de votre récit évoque une blague récurrente d’une émission de télévision des année 80, qui a été reprise depuis par la publicité, n’est ce pas dommage? Vous pourriez peut être créer votre Leitmotiv de La Mort à vous. Qu’en pensez vous?

Ceci étant dit, je retourne relire votre chapitre 3 en attendant impatiemment le 4 que vous nous préparez dans le plus grand des secrets...

En vous remerciant pour votre beau travail d’écriture,

Frédéric Kessler, votre fidèle lecteur.